Le pre David

COMME UN BON PASTEUR

 

Il rêvait d'être missionnaire... Au coeur des laissés-pour-compte, des malmenés par la vie, le père Gabriel David apporte humanité et espérance. Histoire d'un petit Robinson Crusoé devenu "curé de la paroisse invisible d'Auteuil".

L'amour d'une famille.

Le 12 décembre 1917, je suis venu au monde dans une famille riche de l'amour d'un père et d'une mère.

Mon père a ainsi acheté un vieux moulin à Saint-Hilaire-de-Mortagne pour occuper sainement ses quatorze enfants (huit garçons et six filles). Entre les travaux de restauration, les baignades dans la Sèvre nantaise, un torrent égaré dans la plaine, et la construction de cabanes à la Robinson Crusoé.

Seul le jour de la kermesse paroissiale notre père nous remettait un billet de cinq francs... une fortune qui ne nous menait pas loin. Mes parents m'ont donné l'envie de transmettre cette vérité : l'argent ne fait pas le bonheur.

Ma vie à Dieu.

Dans la famille, nous aimions tous notre sour aînée, Marguerite. Pour son aide, ses talents de cuisinière - les enfants ont toujours une "tripe" de vide ! -, sa grandeur d'âme - elle &quo allait tous les jours à la messe, nous y allions pieusement le dimanche - et ses rappels à l'ordre pleins de bon sens. Je me souviens avoir "braconné" du poisson dans la rivière, un jour d'orage, en l'absence de mes parents. Marguerite m'a simplement dit : "Ce n'est pas très bien." Une remarque plus forte que toute morale. Nous ne devions pas biaiser avec ce que nous devions être.

J'admirais aussi un cousin germain, missionnaire aux îles Fidji. Il avait tout abandonné pour aller porter la parole de Dieu.

À 11 ans, j'ai lu la vie de Cottolongo, un prêtre de Turin qui a ouvert un grand hôpital pour les plus pauvres. En fin de journée, il tirait son tiroir-caisse et le retournait par la fenêtre. "À chaque jour suffit sa peine !", lançait-il. Don Bosco m'a également impressionné. Dans un autre domaine, Robinson Crusoé m'a emballé. Il était très débrouillard...

Récemment, Samuel, l'un de mes petits-neveux âgé de six ans, m'a rappelé : "Gaby tu es vieux, tu vas bientôt mourir ! Si tu vois le Bon Dieu, tu lui parleras de moi ?" À mon sens, Dieu parle très tôt aux enfants. Et en appelle certains. Je me suis très jeune interrogé sur le don que je pouvais faire de ma vie à Dieu.

D'Allex à Saint-Ilan.

Ordonné prêtre de la congrégation du Saint-esprit en 1942, j'ai travaillé avec des enfants, de 1943 à 1953, à l'école des missions à Allex puis à l'école apostolique de l'abbaye de Langonnet. Nommé au séminaire des vocations d'aînés à Saint-Ilan, j'ai rencontré des jeunes d'une grande générosité, futurs religieux et prêtres. En 1968, le père provincial m'a demandé de m'intéresser aux postulants qui souhaitaient suivre des formations professionnelles demandées par différents gouvernements d'Afrique. Avec eux, j'entrais en terre de mission à Auteuil... à la Maison Notre-Dame.

Sainte Bernadette.

En décembre 1975, je me suis rendu - sans vraiment le vouloir, appréciant moyennement les reliques - au couvent Saint Gildard à Nevers, pour voir la châsse de sainte Bernadette.&quo Ce jour-là, Dieu m'a possédé. Cette femme qu'il avait choisie, si semblable à nos jeunes d'Auteuil dans ses souffrances physiques et morales, m'a bouleversé. Je lui voue, depuis, une profonde amitié. Sainte Thérèse, elle, m'accompagne tous les jours. L'un de ses mots me poursuit : "Ma folie à moi, c'est d'espérer"

L'OEuvre d'Auteuil.

Le 11 février 1976, à la demande du père Franz Timmermans, supérieur général, je suis devenu l'adjoint de M. Jean Gosselin, directeur de la Fondation Les Orphelins Apprentis d'Auteuil.

De cette mission, jamais je n'oublierai la réflexion d'un garçon de la Maison Notre-Dame : "Il y avait de la place pour une potiche dans l'appartement que ma mère venait de réaménager..., mais pas pour moi." Au début, j'ai suivi, conseillé les jeunes ou moins jeunes qui sortaient de nos Maisons sans travail. Le service de Suite (devenu Accueil Saint-Gabriel est ainsi né.

La misère des sans-abri, des adultes brisés par la vie, privés de toute affection ne pouvait nous laisser indifférents. Brin de causette, un lieu d'écoute et d'aide animé par des assistantes sociales et des bénévoles, avait toute sa raison d'être auprès de ces hommes et femmes, enfants de Dieu.

Et puis, j'ai réalisé mon vieux rêve de missionnaire : voir, sur les chantiers d'Auteuil International, des centaines de jeunes rencontrer leurs frères, s'ouvrir au monde et réaliser que, malgré leurs peines et difficultés, ils figurent parmi les nantis de la terre.

Les brebis du Christ.

L'un des grands secrets de la pastorale n'est pas de posséder un bon livre mais d'être un pasteur. Un vrai qui, comme le Christ, aime ses brebis. Elles s'habituent alors à lui et suivent sa voix.

La paroisse invisible.

Pasteur, j'essaie d'aider jeunes et adultes qui écrivent à Auteuil, à supporter la souffrance... intolérable. Mais nous n'avons pas choisi notre condition d'homme et de femme. La souffrance et la mort en font partie. Je dois, malgré moi, rappeler cette douloureuse évidence. Du matin au soir, à ma messe de 7 h 30, durant mon rosaire, dans mon courrier, je ne pense qu'à ces personnes qui me confient leurs secrets et leurs épreuves. Je prie pour elles. jésus nous écoute et nous exauce. Il nous a aimés jusque dans les souffrances de la Passion et de sa mort sur la croix.

Sacerdoce.

J'accomplis un vrai travail humain et chrétien. Mais, je suis âgé. "Les douleurs sont des folles, disait Théodore Botrel Encore plus fous sont ceux qui les écoutent" google_ad_client = "ca-pub-4058403489348069"; google_ad_slot = "8607761239"; google_ad_width = 336; google_ad_height = 280; color="navy"> L'important est d'essayer d'aider les autres. Et d'aimer le Seigneur.

A l'ÉCOUTE Février-Mars 2001

Orphelins Apprentis d'Auteuil

BP 212-16  75765  Paris Cedex 16

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