Bougeard
Sanctuaire de La Salette RENCONTRE AVEC UN SALETTIN
  De Monfort à La Salette
 

Je suis né à Iffendic, en Bretagne, à 6 kms de Montfort sur Meu, pays natal de Louis-Marie Grignon de Montfort. Dans cette campagne verdoyante, la famille Grignon quitta Montfort pour venir occuper le manoir du Bois Marquer en Iffendic.

Dans l'église de cette bourgade, j'ai reçu le baptême et, vingt-sept ans plus tard, le 17 avril 1971, l'ordination sacerdotale, là même où furent baptisés les frères et surs de Louis-Marie Grignon. Ces origines auraient pu m'orienter vers les Pères Montfortains, mais ce sont les Missionnaires de la Salette qui vinrent me dénicher au fond de cette campagne. L'abbé Duval, ancien vicaire de Cesson Sévigné faisait venir des Pères de La Salette à la paroisse de Saint-Péran où j'étais alors rattaché. Ainsi les Père Tanguy et Chuzeville me faisaient entrer à l'école apostolique de Cucé en Septembre 1956.

  Deux femmes qui pleurent

Nous venions de vivre une cruelle épreuve en famille par le décès accidentel de mon frère Lucien, à l'âge de 20 ans. A l'époque, je fus très marqué par les larmes de ma mère et c'est dans ce contexte que je commençais mes études secondaires. Je n'y excellais guère, les versions grecques et latines ne me passionnèrent jamais.

J'étais plus à l'aise à développer ma "culture paysanne" et passais d'ailleurs toutes mes vacances scolaires au travail de la ferme chez mes parents.

L'année de mon noviciat, au cours duquel je franchissais le cap des 20 ans, j'apprenais vraiment à connaître La Salette, son site, son message, sa mission dans l'Église. Là j'y découvrais encore une femme en larmes : cette Vierge de La Salette venue à la rencontre de son peuple, pour parler aux plus petits et nous révéler à tous le mystère du cur de Dieu.

Ces deux femmes qui pleurent ont sans aucun doute, consciemment ou non, orienté mon engagement, donné un sens à ma vie religieuse, sacerdotale et salettine.

  De Grenoble à Echirolles

Il y a vingt-neuf ans, je commençais ma vie sacerdotale à Grenoble, dans le quartier de la mutualité, alors en pleine rénovation. J'ai passé de nombreuses heures à observer la démolition de ses vieux immeubles et vu pousser mètre par mètre le nouvel ensemble qu'est devenu la place Jean Moulin. Frappé par l'esprit duLe site de La Salette quartier, je m'engageais autant dans la vie associative que dans la vie pastorale.

"Vivre ensemble" en mobilisaient beaucoup, et mon statut de prêtre ne fut jamais une gêne. Ainsi, je me retrouvais dans l'animation du quartier, dans la maison des jeunes et de la culture qui fut créée pendant cette période. Aujourd'hui, je suis revenu habiter dans ce quartier, à la communauté de la rue Joseph Chanrion, où certaines personnes m'ont rappelé ces mercredis après-midi lorsque j'allais faire jouer les plus jeunes au foot.

En octobre 1979, j'étais nommé à la communauté d'Échirolles. Là, je m'engageais encore davantage dans la vie sociale. C'était d'ailleurs un des objectifs de cette communauté créée par les Missionnaires de La Salette en France, après les événements de mai 1968. Ici, j'allais remplacer le Père Louis Egger.

Ainsi, pendant cinq ans, je me suis retrouvé prêtre ouvrier dans cette banlieue grenobloise, tout d'abord comme auxiliaire de vie dans un foyer d'handicapés physiques chez les Paralysés de France, et ensuite comme ouvrier d'entretien dans un centre d'hébergement social, le relais Ozanam. J'ai beaucoup aimé cette période de ma vie où je menais parallèlement une responsabilité pastorale et un travail salarié auprès des petits et des pauvres. C'est la "vie religieuse" qui m'a permis une telle expérience et je crois avoir grandi à ce moment-là dans ma vie de prêtre et de religieux.

J'étais bien loin d'imaginer, alors, que ce travail et cette proximité avec le peuple de Dieu me préparaient tout doucement à venir travailler au Sanctuaire de La Salette. Je m'en sentais bien incapable et pourtant, c'est ce qui est arrivé.

  Ma présence au Sanctuaire

C'est là, chers lecteurs des Annales, que la plupart d'entre vous m'avez connu. Tout d'abord trois saisons comme adjoint du Père Maurice Sublet, Recteur, et ensuite comme Recteur moi-même pendant dix années...

Ce n'est pas le lieu ici de raconter ce qui se vit au Sanctuaire, vous en faites l'expérience lorsque vous venez en pèlerinage, vous en lisez des comptes rendus dans les Annales, vous expérimentez vous-mêmes la mission à laquelle vous invite la Vierge de La Salette.

Cette nouvelle mission qui m'était confiée, je l'ai prise à bras-le-corps et avec tout mon cur. Pour moi, au début, c'était important de ne pas brusquer les choses, mais bien au contraire de poursuivre le travail de mes prédécesseurs. J'ai pris du temps pour mesurer les difficultés à rassembler toutes les composantes de la vie au Sanctuaire. Ces services qui sont si divers mais qui n'ont qu'un seul but, celui de servir la pastorale et accueillir les pèlerins. Le Sanctuaire de La Salette n'a pas d'autre mission que de prendre les moyens pour mettre en oeuvre celle-là même qui fut confiée par Marie à Maximin et à Mélanie. C'est cela qui m'a mobilisé à fond pendant dix ans et, rétrospectivement, je vois aujourd'hui la même évolution que celle de notre Église après Vatican II. Je me réjouis, par exemple, de voir comment la pastorale pour les enfants et les jeunes poursuit son chemin. Je me souviens de l'organisation des premiers Mercredis de Juin. Maintenant c'est une activité bien rodée.

Chaque année, au bilan des activités à l'assemblée générale, vous avez pu suivre toutes les évolutions de la pastorale.

  Aujourd'hui...
 

Je m'aperçois qu'en parlant de moi, je parle du Sanctuaire et, vice-versa, en parlant du Sanctuaire je parle de moi. C'est dire qu'en vivant des responsabilités à La Salette, il y a des consciences qui se vivent et qui évoluent. Ici, un missionnaire de La Salette grandit obligatoirement dans son identité ; tout engagement sur cette montagne élargit votre horizon, "...à tout mon peuple" nous dit Marie en1846.

Je mesure qu'il me reste beaucoup à faire pour être meilleur missionnaire de La Salette. Pendant mon année sabbatique au Québec, je l'ai bien compris.

Me voilà maintenant lancé dans une nouvelle aventure salettine. S'occuper du rayonnement de La Salette est sûrement trop prétentieux, c'est pourtant la mission qui vient de m'être confiée. Je commence petitement, en faisant de la prospection, en répondant aux attentes, en me rendant disponible.

Hervé BOUGEARD. m.s.

Cette article est parue dans la revue LA SALETTE numéro : 159  mai, juin 2000

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